Là-Haut
9,0/10
M. Fredricksen décide de partir à l’aventure, celle dont il a rêvé toute sa vie. Car M. Carl Fredricksen est un vieux bougon de presque quatre-vingt balais. Sa route sera semée d’embuches et de rencontres inattendues, mais il sera épaulé par un compagnon d’infortune : le jeune Russel. L’aventure s’annonce magistrale…
Dès le court-métrage précédant le film, les créateurs de chez Pixar nous surprennent encore par leur originalité et leur sensibilité. Ils signent ici un de leur meilleurs court-métrages, à la fois drôle et merveilleux, doté d’une imagination sans bornes. Et cela se poursuit avec Là-Haut.
Après seulement un quart d’heure de film, on est déjà plus que lié au personnage de Carl. Tout le talent de Pixar est de nous faire saisir toute l'empleur de sa personnalité, son passé, ses espoirs aussi, et ce en quelques minutes. Une vie entière qui défile sous nos yeux humides, impossible dès lors, de ne plus ressentir chaque émotion et chaque instant comme si nous connaissions ce vieux grincheux depuis de longues années. Un personnage attachant et inhabituel pour le cinéma, bientôt rejoint par un autre aussi haut-en-couleur : le petit scout Russel, plein de badges et de bonne volonté. Et l’aventure qu’ils vont vivre nous transportera avec eux jusqu’au bout du monde.
Car l’histoire qui les attend est si belle et féérique, tellement originale et imaginative... Et pourtant, son traitement et sa mise en scène et si naturelle et simple, qu’on arrive à se demander pourquoi nous n’y avons pas pensé plus tôt, et si ces péripéties ne font pas partie d’une ancienne légende. C’est là aussi une très grande qualité de ce long-métrage, arriver à nous émerveiller et à nous surprendre tout en gardant un fil accroché, non pas à un ballon, mais à notre quotidien et à nos rêves d’enfants. L’humour est toujours présent bien sûr, ainsi que l’aventure et l’émerveillement ; mais le film nous offre beaucoup plus.
Car Pixar réussit encore la transformation du dessin-animé, en grandissant un peu plus le genre. La mutation avait déjà commencé avec Wall-E, elle se poursuit ici. Pour la première fois dans un Walt Disney, on peut apercevoir du sang suite à une blessure, une petite révolution. Et ces réalisateurs de génie n’ont plus peur de montrer une part de vérité, et ce d’une manière absolument magnifique : la mort. Jamais un dessin-animé, voire même un film ne sera allé aussi loin, et de façon aussi subtile sur ce sujet et d’autres comme l’espérance, la vieillesse et surtout l’amour, qui est merveilleusement traité. Non pas l’amour de l’aventure, mais le véritable amour. Et pas celui des princesses et des princes charmants, mais celui qu’un vieil homme porte à sa chère épouse, avec qui il a partagé tant de rêves toute leur vie. Très loin des clichés liés au genre, le film réussit la prouesse de nous redonner espoir ; l’espoir de vivre, celui d’accomplir ses rêves, et l’espoir d’aimer.
Très peu de défauts pour ce chef d’œuvre, hormis quelques incohérences sans importance. Des petits détails qui passent réellement inaperçus tant le rêve nous transporte. La musique composée par le talentueux Michael Giacchino est sublime, on regrettera peut-être le manque de variété dans la bande originale, et l’utilisation répétitive du thème principal. Mais on peut aussi le considérer comme un élément nécessaire pour lier l’histoire, comme une sorte de fable racontée sur le même air, alors qu’elle nous fait voyager à l’autre bout du monde.
Très loin des dessins-animés à gags comme L’Âge de Glace ou Madagascar, Là-Haut est un véritable long-métrage à part-entière. Un peu moins critique et avant-gardiste que Wall-E, il est quand même ce qu’on fait de mieux dans le divertissement actuel : du rêve, de l’amour et de l’esprit. Paul Eluard disait qu’ « Un rêve sans amour est un rêve oublié », vous n’êtes pas prêts d’effacer celui là de votre mémoire !
Clément Bastie